clapir

clapir, clatir, glapir et glatir

Glatir vient du latin glattire, « japper » (en parlant des petits chiens). Il est peut-être à l’origine de glapir, dont sont issus clapir et clatir.


Ces verbes, tous relatifs à des cris d’animaux, sont parfois difficiles à distinguer les uns des autres.

Clatir, aujourd’hui inusité, s’emploie seulement à propos des chiens de chasse. Glatir est désormais réservé à l’aigle, et clapir ne se dit que des lapins. C’est finalement glapir qui a la signification la plus large puisqu’il s’utilise au sujet de l’aigle, du chien, de l’épervier, du lapin, du renard et de la grue ! Le mieux est de décharger ce terme « fourre-tout » des acceptions déjà revêtues par un autre verbe et de le réserver au renard ou au chien (voire à la grue).


Glatir se relève dès le xie siècle avec le sens particulier d’« aboyer » et celui plus général de « crier », « faire du bruit ».

Cil d’Oïant i braient e henissent,
E cil d’Arguille si cume chen glatissent […].

 

Ceux d’Occïant braient et hennissent,
et ceux d’Argoille glapissent comme des chiens […].

La Chanson de Roland, v. 3526-3527.

À partir du xvie siècle, le verbe s’applique au putois, au renard puis, au xixe, à l’aigle1 (concurremment avec glapir).

Glapir apparaît quant à lui au xiiie siècle avec un sens très voisin de celui de glatir, dont il est une possible altération, et va peu à peu supplanter ce dernier.

[…] il ot un brachet glapir […].

 

[…] il entend un chien de chasse glapir […].

Perlesvaus, l. 1530, ms. Br, notre trad.

Par la suite, glapir sera appliqué au lapin (1785) et à la grue (1800).

Clatir, variante de glatir, est plus tardif (fin du xviie siècle) et se restreint à la chasse.

CLATIR, ou Glatir. Terme de Fauconnerie, qui se dit quand le chien poursuivant la perdrix, ou le lievre, redouble son cri, & semble advertir ou demander secours. Ce mot a la méme étymologie que claquer.

Antoine Furetière, Dictionaire universel, vol. I.

Enfin, clapir, autre variante de glapir, ayant probablement subi l’attraction de clapier, est attesté à la même époque et s’applique à un lapin.

L’abeille bourdonne, l’ane brait, le bœuf meugle ou mugit, la brebis besle, le chat miole, le cheval hannit, le chien jappe ou abboye, le cochon grogne ou gronde, le corbeau & la grenoüille croassent [sic], le lapin clapit, le lyon rugit, l’ours hurle, le serpent siffle, &c.

Nicolas Andry de Boisregard, Réflexions sur l’usage présent de la langue françoise, p. 143.

Sources :

  • Andry de Boisregard (Nicolas), Réflexions sur l’usage présent de la langue françoise ou Remarques nouvelles et critiques touchant la politesse du langage, Paris, Laurent D’Houry, 1689.
  • Boissier de Sauvages (Pierre Augustin), Dictionnaire languedocien-françois, nouvelle éd., 2 vol., Nîmes, Gaude, père, fils et Cie, 1785.
  • Chanson de Roland (La), éd. et trad. Ian Short, 2e éd., Paris, Librairie générale française (coll. « Le Livre de poche. Lettres gothiques »), DL 2003.
  • Colin (Jean-Paul), Dictionnaire des difficultés du français, Paris, Dictionnaires Le Robert (coll. « Les Usuels du Robert. Poche »), cop. 1994.
  • Dictionnaire du moyen français [en ligne], Analyse et traitement informatique de la langue française/CNRS/Université de Lorraine, 2015, mis à jour le 1er février 2016 [consulté le 5 novembre 2017].
  • Dictionnaire étymologique de l’ancien français [en ligne], sous la dir. de Thomas Städtler, Heidelberger Akademie der Wissenschaften, 2015 [consulté le 5 novembre 2017].
  • Furetière (Antoine), Dictionaire universel, contenant generalement tous les mots françois, tant vieux que modernes, 3 vol., La Haye/Rotterdam, Arnout et Reinier Leers, 1690.
  • Gaffiot (Félix), Dictionnaire latin-français, [39e éd.], Paris, Hachette, DL 1985.
  • Godefroy (Frédéric), Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du ixe au xve siècle, Paris, Friedrich Vieweg/Émile Bouillon/Eduard Vieweg, 1881-1902.
  • Grand Robert de la langue française (Le), sous la dir. d’Alain Rey, 2e éd., 6 vol., Paris, Dictionnaires Le Robert, DL 2001.
  • Hezel, (Wilhelm Friedrich), Die Kunst, auf die möglichst geschwindeste Art, Französisch sprechen und schreiben zu lernen, Giesen, s. n., 1800.
  • Jouette (André), Dictionnaire d’orthographe et d’expression écrite, 6e éd., Paris, Le Robert (coll. « Dictionnaire Bordas »), 2008.
  • Larousse, Le Petit Larousse illustré, éd. 2010, Larousse, 2009.
  • Littré (Émile), Dictionnaire de la langue française, 5 vol., Paris, Hachette, 1863-1877.
  • Perlesvaus : le Haut livre du Graal, éd. William Albert Nitze et Thomas Atkinson, 2 vol., New York, Phaeton Press, 1972.
  • Petit Robert : dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française (Le), éd. 2015, sous la dir. de Josette Rey-Debove et Alain Rey, Paris, Le Robert, DL 2014.
  • Trésor de la langue française informatisé [en ligne], v. 4, Analyse et traitement informatique de la langue française/CNRS/Université Nancy-II, 2002. [consulté le 5 novembre 2017].