exaction

 Du latin exactio, « action de faire rentrer (des impôts, de l’argent) », lui-même de exactum, supin de exigere, « faire rentrer », « faire payer », « exiger une chose due ».


Ce mot ne doit pas être employé pour désigner tout acte de violence. De même qu’aux verbes transiger et rédiger correspondent les noms transaction et rédaction, à exiger correspond exaction. Il est préférable de conserver à ce dernier son sens étymologique et de ne pas l’employer là où mauvais traitements, sévices conviendraient mieux. On dira donc :

 Les victimes, rouées de coups, sont traumatisées par ces brutalités

plutôt que :

 Les victimes, rouées de coups, sont traumatisées par ces exactions.


Exaction, conformément à son étymologie, a d’abord signifié « impôt », « action d’exiger ce qui est dû ». Ce sens s’est rapidement effacé au profit d’un autre, « action d’exiger plus qu’il n’est dû ou ce qui n’est pas dû », le seul qui soit attesté dans le Dictionnaire françois de Richelet (1680).

En raison de son utilisation aux côtés du mot violences, exactions, au pluriel, finit par désigner des actes aussi divers que des viols, des meurtres ou des pillages à partir du xxe siècle.

Le nouvel usage devient si répandu que l’Office du vocabulaire français en 1960 puis l’Académie française en 19651 jugent bon d’intervenir.

Commettre une exaction signifie « exiger de quelqu’un plus qu’il ne doit ». On évitera d’employer ce mot dans le sens de « déprédation, acte de barbarie ».

Office du vocabulaire français, « Mise en garde 1960 », Vie et Langage.

Rien n’y fait cependant. À la fin des années 1980, le Petit Larousse entérine même l’extension de sens2. La signification originelle du mot n’est d’ailleurs plus perçue.

Sources :

  • Académie française, Dictionnaire de l’Académie française, 9e éd., 3 vol., Paris, Imprimerie nationale, Fayard, 1992-2011.
  • Académie française, Mises en garde, propositions, équivalences, Paris, Les Presses du Palais-Royal, [1985].
  • Dictionnaire historique de la langue française, sous la dir. d’Alain Rey, éd. enrichie, 3 vol., Paris, Dictionnaires Le Robert, cop. 1998.
  • Dupré (Paul), Encyclopédie du bon français dans l’usage contemporain, 3 vol., Paris, Éd. de Trévise, DL 1972.
  • Gaffiot (Félix), Dictionnaire latin-français, [39e éd.], Paris, Hachette, DL 1985.
  • Grand Larousse de la langue française, sous la dir. de Louis Guilbert, René Lagane et Georges Niobey, 7 vol., Paris, Larousse, 1986.
  • Larousse, Petit Larousse illustré, éd. 1989, Larousse, 1988.
  • Nouveau Petit Robert : dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française (Le), sous la dir. de Josette Rey-Debove et Alain Rey, nouvelle éd. remaniée et amplifiée, Le Robert, DL 1993.
  • Office du vocabulaire français, « Mise en garde 1960 », Vie et Langage, avril 1960.
  • Richelet (Pierre), Dictionnaire françois contenant les mots et les choses, Genève, Jean Herman Widerhold, 1680.