plein

plein de Lorsque plein est synonyme de beaucoup, dans la locution déterminative plein de, il demeure invariable.

 Magali a fait plein de bêtises.

Cette tournure est familière et s’emploie essentiellement dans un registre plaisant.

Sources :

  • Grevisse (Maurice) et Goosse (André), Le Bon Usage, 14e éd., Bruxelles/[Louvain-la-Neuve], De Boeck/Duculot, cop. 2007.
  • Larousse, Le Petit Larousse illustré, éd. 2010, Larousse, 2009.
  • Laurent (Nicolas) et Delaunay (Bénédicte), La Grammaire pour tous [PDF], nouvelle éd., Paris, Hatier (coll. « Bescherelle »), cop. 2012.
  • Pougeoise (Michel), Dictionnaire de grammaire et des difficultés grammaticales, Armand Colin (coll. « Cursus. Lettres »), 1998.

 

plein la, le, les… Devant un groupe nominal, plein employé seul demeure invariable.

 Nous en avons plein les jambes.


 Cet emploi de plein remonte à la fin du xie siècle :

Trait ses crignels pleines ses mains amsdous.

 

Et à pleines mains il s'arrache les cheveux.

La Chanson de Roland, v. 2906.

Kristoffer Nyrop suppose l’évolution suivante : pour une tour pleine d’orpour d’or pleine une tourpour d’or plein une tourpour de l’or plein une tour (Grammaire historique de la langue française, vol. V, p. 102).

Plein, devenu invariable, pose alors des problèmes d’interprétation sur sa nature grammaticale. En 1694, l’Académie française le définit comme une préposition :

Plein, sert aussi quelquefois de préposition de Quantité, & alors il signifie Autant que la chose dont on parle peut contenir.

Académie française, Dictionnaire de l’Académie françoise, vol. II.

Par la suite, cette position a été contestée1. En effet, dans la phrase suivante,

Il y a de la neige plein la rue,

si l’on remplace plein par la préposition dans, on obtient

Il y a de la neige dans la rue,

phrase grammaticalement correcte, mais qui n’équivaut pas à la première. La notion de quantité est perdue, et, contrairement à dans la rue, plein la rue ne peut être déplacé (*plein la rue il y a de la neige).

Plein semble donc jouer le rôle à la fois d’une préposition et d’un quantifieur ou d’un adverbe de lieu.

Patrick a des bonbons plein les poches (= Patrick a beaucoup de bonbons dans les poches).

Il a des poils plein les joues (= Il a des poils partout sur les joues).

Sources :

  • Académie française, Dictionnaire de l’Académie françoise, 2 vol., Paris, Vve de Jean-Baptiste Coignard et Jean-Baptiste Coignard, 1694.
  • Académie française, Dictionnaire de l’Académie française, 9e éd., 3 vol., Paris, Imprimerie nationale, Fayard, 1992-2011.
  • Blanche-Benveniste (Claire), « Juste et plein, tout juste et tout plein », dans Langage et référence. Mélanges offerts à Kerstin Jonasson à l’occasion de ses soixante ans, sous la dir. de Hans Kronning, Coco Norén, Bengt Novén, et al., Uppsala, Acta Universitatis Upsaliensis, 2001, p. 65-74.
  • Chanson de Roland (La), éd. et trad. Ian Short, 2e éd., Paris, Librairie générale française (coll. « Le Livre de poche. Lettres gothiques »), DL 2003.
  • Dictionnaire historique de la langue française, sous la dir. d’Alain Rey, éd. enrichie, 3 vol., Paris, Dictionnaires Le Robert, cop. 1998.
  • Grevisse (Maurice) et Goosse (André), Le Bon Usage, 14e éd., Bruxelles/[Louvain-la-Neuve], De Boeck/Duculot, cop. 2007.
  • Moignet (Gérard), Systématique de la langue française, éd. Jean Cervoni, Kerstin Schlyter et Annette Vassant, Paris, Klincksieck (coll. « Bibliothèque française et romane. Série A : manuels et études linguistiques »), 1981.
  • Nyrop (Kristoffer), Grammaire historique de la langue française, 2e éd. revue et augmentée, Copenhague/Christiania, Gyldendalske Boghandel, Nordisk Forlag, cop. 1904-1930.