abattage

abattage, assassinat, exécution, homicide et meurtre Ces cinq noms ne sont pas synonymes.

Abattage est réservé à la mise à mort des animaux de boucherie. Le cas de abattre est plus délicat. Ce verbe a d’abord signifié « faire tomber », avant d’évoluer vers « faire tomber en donnant un coup mortel ». S’il peut concerner des humains, abattre s’est en ce sens longtemps appliqué aux animaux principalement[ref]« Abattre, signifie quelquefois, Assommer, tuer. Ce boucher abat bien des bœufs. Ce chasseur abat bien du gibier » (Académie française, Dictionnaire de l’Académie française, 6e éd., 1835). « Mettre à mort, en parlant d’animaux » (Émile Littré, Dictionnaire de la langue française).[/ref]. Comme le souligne Paul Dupré dans son Encyclopédie du bon français, « on ne pourra sans doute pas l’empêcher de s’imposer, car il est irremplaçable dans sa valeur précise : “faire tomber à terre par une mort violente, rapide et inattendue” ».

Exécution s’emploie absolument pour exécution capitale, « mise à mort d’un condamné conformément à une décision de justice ».

 En France, l’exécution du dernier condamné à mort remonte à 1977.

S’il n’y a pas de procédure judiciaire, on parle d’exécution sommaire. Dans le cas d’otages tués par des terroristes, le terme le plus approprié est celui d’assassinat.

On dira donc :

 l’assassinat des trois otages par le groupe terroriste

de préférence à :

 l’exécution des trois otages par le groupe terroriste.

Cette dernière formulation est toutefois de plus en plus courante[ref]Pour Pierre-Valentin Berthier (« Bagatelles & bavures », Lettre[s], no 37), elle est due au fait que, « de nos jours, le mot exécution n’a plus tout à fait le même contenu judiciaire puisque, la peine de mort étant abolie, on n’exécute plus les assassins. Les preneurs d’otages, eux, prétendront sans doute s’arroger un droit de justice en vertu duquel, n’étant point abolitionnistes dans ce domaine, ils ont exécuté leurs prisonniers en toute légalité ! »[/ref].

Homicide désigne l’action de tuer un être humain, volontairement ou non. En droit, un homicide volontaire est qualifié de « meurtre » (Code pénal, art. 221‑1) ; et un meurtre commis avec préméditation, d’« assassinat » (ibid., art. 221‑3).

Sources

  • Académie française, Dictionnaire de l’Académie française, 6e éd., 2 vol., Paris, Firmin-Didot frères, 1835.
  • Berthier (Pierre-Valentin), « Bagatelles & bavures » [PDF], Lettre(s) : revue éditée par l’Asselaf pour la sauvegarde et l’expansion de la langue française, mai 2004, no 37.
  • Code pénal, éd. 2016, éd. Yves Mayaud, 113e éd., Paris, Dalloz (coll. « Codes Dalloz »), DL 2015.
  • Dupré (Paul), Encyclopédie du bon français dans l’usage contemporain, 3 vol., Paris, Éd. de Trévise, DL 1972.
  • Girodet (Jean), Pièges et difficultés de la langue française [PDF], Paris, Bordas (coll. « Dictionnaire Bordas »), cop. 2007.
  • Littré (Émile), Dictionnaire de la langue française, 5 vol., Paris, Hachette, 1863-1877.
  • Petit Robert (Le) : dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, éd. 2012, sous la dir. de Josette Rey-Debove et Alain Rey, Paris, Le Robert, DL 2011.
  • Picotte (Jacques), Juridictionnaire : recueil des difficultés et des ressources du français juridique [PDF], Moncton (N.‑B.), Université de Moncton, cop. 2018.
  • Trésor de la langue française informatisé [en ligne], v. 4, Analyse et traitement informatique de la langue française/CNRS/Université Nancy-II, 2002. [consulté le 12 octobre 2017].