in fine

 Du latin moderne signifiant « à la fin », du latin classique in, « en », « dans », et fine, ablatif de finis, « limite », « borne », « fin ».


Cette locution adverbiale est de nos jours employée abusivement à la place de enfin, finalement. Un tel usage, assez pédant, est déconseillé.

On dira donc :

 Deux pompiers, finalement, ont sauvé la petite fille des flammes

de préférence à :

 Deux pompiers, in fine, ont sauvé la petite fille des flammes.

Remarques :

1. Depuis quelques années, in fine s’emploie également dans le secteur bancaire. Un prêt, un crédit in fine est un prêt, un crédit dont le capital est remboursé en une seule fois à la fin du prêt, du crédit.

2. Si, à l’oral, in fine doit plutôt être évité, la prononciation à l’anglaise « inn faïne » est franchement à bannir. Cette locution étant d’origine latine, il faut prononcer « inn finé ».


In fine n’est attesté, en latin classique, qu’au sens de « à la fin1 » et a été lexicalisé, en français, au début du xxe siècle avec le sens didactique de « loc[ution] lat[ine] qui signifie à la fin, et par laquelle on désigne d’ordinaire les dernières lignes d’un paragraphe, d’un chapitre : V. Pantagruel, l. III, ch. xii, in fine » (Nouveau Larousse illustré).

Comme le note Catherine Schnedecker (« À la fin, in fine, au final : qu’est-ce qui fait la différence, finalement ? », Langages), si l’emploi de in fine est d’abord intertextuel, il devient rapidement intratextuel2. On peut alors lui substituer à la fin.

En tout cas, il y aura une longue Note explicative in fine.

Paul Valéry, Lettre à André Gide, [vendredi 14 avril 1899], Correspondance : 1890-1942.

Lorsque le sens spatial s’efface au profit du sens temporel, in fine devient presque synonyme de finalement.

In fine, il me parle des Nitrures.

Paul Valéry, Lettre à André Gide, [lundi 4 mars 1912], op. cit.

Sources :

  • Béguin (Jean-Marc) et Bernard (Arnaud), L’Essentiel des techniques bancaires, Paris, Eyrolles/Éd. d’Organisation (coll. « Livres outils »), cop. 2008.
  • Gaffiot (Félix), Dictionnaire latin-français, [39e éd.], Paris, Hachette, DL 1985.
  • Genette (Gérard), Bardadrac, [Paris], Seuil (coll. « Points. Essais »), DL 2012.
  • Gide (André) et Valéry (Paul), Correspondance : 1890-1942, éd. et ann. Peter Fawcett, [Paris], Gallimard (coll. « Les Cahiers de la NRF »), 2009.
  • Goelzer (Henri), Nouveau Dictionnaire français-latin, 2e éd. revue et corrigée, Paris, Garnier frères, [1907].
  • Grand Larousse de la langue française, sous la dir. de Louis Guilbert, René Lagane et Georges Niobey, 7 vol., Paris, Larousse, 1986.
  • Latin Dictionary (A), éd. Andrews, Ethan Allen et Wilhelm Freund, éd. révisée, augmentée et réécrite par Charlton Thomas Lewis et Charles Short, Oxford, Clarendon Press, impr. 1958.
  • Leconte (Bernard), À la recherche du bon français !, Paris, Éd. Lanore (coll. « Lanore littératures »), cop. 2007.
  • Nouveau Larousse illustré, sous la dir. de Claude Augé, 8 vol., Paris, Larousse, [1898-1907].
  • Schnedecker (Catherine), « À la fin, in fine, au final : qu’est-ce qui fait la différence, finalement ? », Langages, décembre 2011, no 184, p. 111-127.