madame

Madame, Mademoiselle Unetelle, Monsieur Untel L’interpellation ne doit pas, en principe, être suivie du nom propre de la personne.

En France, le bon usage exige que, s’adressant à quelqu’un sans risque de confusion, on ne fasse pas suivre Madame, Mademoiselle ou Monsieur du nom de famille. Cela est d’autant plus vrai si l’on est en contact avec un supérieur hiérarchique ou une personne à laquelle on doit le respect par son âge, son importance, etc.

On dira donc :

 Je vous souhaite la bienvenue, Madame1.

et non :

 Je vous souhaite la bienvenue, Madame Martin.


 Dès 1644, dans Les Loix de la galanterie (p. 44), Charles Sorel affirme que, si l’on veut mépriser des gens, « il ne faut iamais les appeler simplement, Monsieur, mais y adiouster tousiours leur nom ».

C’est donc tout naturellement que M. de Sotenville, gentilhomme campagnard, reprend George Dandin, le héros éponyme de la pièce de Molière (1669), qui n’est qu’un simple paysan :

George Dandin. — Puisqu’il faut donc parler cathegoriquement, ie vous diray, Monsieur de Sotenuille, que i’ay lieu de…

Monsieur de Sotenville. — Doucement, mon gendre. Apprenez qu’il n’est pas respectueux d’appeler les gens par leur nom, & qu’à ceux qui sont au dessus de nous il faut dire Monsieur tout court.

Molière, George Dandin, ou le Mary confondu, acte I, scène iv.

Quelques années plus tard, Antoine de Courtin énoncera la règle suivante, qui fera longtemps autorité :

Il est aussi de l’incivilité de joindre aprés le Monsieur ou le Madame, le surnom, ou la qualité de la personne à qui on parle ; comme, oüy Monsieur Ciceron : oüi Monsieur le Consul, en parlant à luy-même ; au lieu de dire simplement, oüi Monsieur.

Antoine de Courtin, Nouveau Traité de la civilité qui se pratique en France, parmi les honnestes gens, p. 34.

Au cours du xxe siècle, sans doute sous l’influence de la pratique anglo-saxonne2, il devient courant de citer le nom propre de la personne après l’interpellation.

Sources :

  • Camus (Renaud), Répertoire des délicatesses du français contemporain, Paris, POL, DL 2000.
  • Colin (Jean-Paul), Dictionnaire des difficultés du français, Paris, Dictionnaires Le Robert (coll. « Les Usuels du Robert. Poche »), cop. 1994.
  • Courtin (Antoine de), Nouveau Traité de la civilité qui se pratique en France, parmi les honnestes gens, Paris, Hélie Josset, 1671
  • Dupré (Paul), Encyclopédie du bon français dans l’usage contemporain, 3 vol., Paris, Éd. de Trévise, DL 1972.
  • Gay (Florence), « Manners and customs of polite society », Good Housekeeping : a family magazine, octobre 1891.
  • Imprimerie nationale, Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale, 3e éd., [Paris], Imprimerie nationale, DL 1990.
  • Jouette (André), Dictionnaire d’orthographe et d’expression écrite, 6e éd., Paris, Le Robert (coll. « Dictionnaire Bordas »), 2008.
  • Molière, George Dandin, ou le Mary Confondu, Paris, Jean Ribou, 1669.
  • Sorel (Charles), Les Lois de la Galanterie, dans Nouveau Recueil des pièces les plus agréables de ce temps, Chez Nicolas de Sercy, 1644.