pep

Pep est un terme anglo-américain issu de l’apocope de pepper1, « poivre » et, au sens figuré, « dynamisme ».


Ce nom est fréquemment déformé en peps. Une telle graphie étant inconnue chez les Anglo-Saxons, et l’étymologie pepsinepep étant hasardeuse, il faut privilégier pep. On dira donc :

 Aujourd’hui, Sidonie est pleine de pep

et non :

 Aujourd’hui, Sidonie est pleine de peps.


Pep se relève pour la première fois en anglais en 1908. Il apparaît rapidement en français dans des journaux québécois, d’abord en tant que terme étranger (1920) puis intégré à la langue (1923).

Madge Kennedy, comédienne pleine de « vivacité », mot que les anglais [sic] ont remplacé par celui de « Pep » qui dit la même chose, mais pas si bien.

« La piquante et captivante Madge », La Canadienne.

L’entrain, l’enthousiasme n’a pas cessé de régner depuis la première partie [de hockey], on a joué, mardi dernier, la troisième partie de la saison et on se serait cru dans les dernières tant il y avait de « pep » chez les joueurs et même… de l’enthousiasme dans la foule de spectateurs.

Le Soleil, mercredi 3 janvier 1923 ; cité dans Base historique du vocabulaire français.

En France, on trouve pep dès 19262 :

Dans sa forme présente, le jazz est principalement limité à une manière d’humour, de « pep », qui l’empêche d’atteindre à la dignité des formes musicales de concert ou d’opéra.

Le Guide du concert et des théâtres lyriques, vendredi 19 mars 1926 ; cité dans Manfred Höfler, Dictionnaire des anglicismes.

Ce n’est qu’à partir de 1970 que le mot se voit déformer en peps.

Jusqu’à cette rencontre Roumanie-R.F.A. […] on peut d’ailleurs penser que la France avait le « peps ».

« FRANCE contrat rempli mais… », Handball.

Pour Jacques Mercier, cette corruption serait due à l’influence de la marque de sodas Pepsi3 (c’est nous qui la citons). Même si Pepsi était peu répandu en France dans les années 1970, c’est peut-être vrai, comme en témoigne la quatrième de couverture de Californie, paru en 1983 :

La Californie

[…]

Ça a du peps, ça boit du coke sous les cocotiers

[…].

Sylvie Crossman et Édouard Fenwick, Californie.

Quoi qu’il en soit, la forme peps a été entérinée par Le Petit Larousse et Le Petit Robert respectivement en 2004 et en 2008.

Sources :

  • Base historique du vocabulaire français [en ligne], Analyse et traitement informatique de la langue française/CNRS/Universités Nancy-I et Nancy-II, 2001 [consulté le 8 octobre 2017].
  • Charles (Jacques), De Gaby Deslys à Mistinguett, Paris, Gallimard, [1933].
  • Crossman (Sylvie) et Fenwick (Édouard), Californie : le nouvel âge, Paris, Éd. du Seuil (coll. « Points. Actuels »), DL 1983.
  • Dictionnaire historique de la langue française, sous la dir. d’Alain Rey, éd. enrichie, 3 vol., Paris, Dictionnaires Le Robert, cop. 1998.
  • « FRANCE contrat rempli mais… », Handball, mars 1970.
  • Höfler (Manfred), Dictionnaire des anglicismes, Librairie Larousse (coll. « Dictionnaire de poche de la langue française »), DL 1982.
  • Larousse, Le Petit Larousse illustré, éd. 2005, Larousse, 2004.
  • Mencken (Henry Louis), The American Language : An Inquiry into the Development of English in the United States, 3 vol., New York, Alfred A. Knopf, 1988-2006.
  • Mercier (Jacques), Le Français tel qu’il se parle en Belgique, Tournai, La Renaissance du livre/La Libre Belgique (coll. « L’Esprit du Nord »), DL 2000.
  • Oxford English Dictionary [en ligne], Oxford University Press, cop. 2017 [consulté le 1er août 2018].
  • Petit Robert : dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française (Le), éd. 2009, sous la dir. de Josette Rey-Debove et Alain Rey, Le Robert, 2008.
  • « La piquante et captivante Madge », La Canadienne, janvier 1920.